« Les gestes pourraient avoir pour fonction de combler l’espace vide séparant les individus les uns des autres. » Stéphane Hugon dans L’étoffe de l’imaginaire

La question de l’habiter traverse mon travail, considérant l’habiter dans un rapport de domestication du monde, plus que dans une interrogation sur l’habitation. Autrement dit comment fait-on usage du monde ? Quelles sont les tactiques que nous mettons en œuvre, dans les manières de faire mais aussi dans les manières d’être. Quelles sont ces micro-résistances, ces appropriations discrètes, ces révoltes silencieuses ? Comment le corps s’inscrit-il dans un espace et quels sont les enjeux de cette occupation ? Entre posture et tenue, repli et déploiement, ces interrogations font écho à la pratique même de la sculpture. A travers ma pratique j’aime questionner le geste, qu’il soit linguistique, cérémoniel, émanant du corps tout simplement tel un sursaut instinctif, celui qui donne forme aux idées, mais aussi ce geste inapte, inefficace qui provoque le détour, le contre temps, cette maladresse qui se transforme en beauté . Les gestes a priori insignifiants, vernaculaires, les situations « somme toute » banales génèrent des potentiels points d’appuis pour creuser des formes qui deviendront sculpturales ou performatives, si ce n’est les deux réunies.